La chapelle St Léonard

Au dessus de la porte d’entrée, l’oculus est d’origine (XIIIème ou XIVème siècle).
Médaillon quadrilobe d’auteur inconnu, représentant la crucifixion ; inspiré des vitraux de Chartres (thème et mêmes bleus que la cathédrale).
Ensemble restauré par Théophile Poilpot, ancien propriétaire de la chapelle :

Une histoire de plus de sept siècles
Inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1942, l’ancienne Eglise St Martin-St Léonard a été l’église paroissiale du village de Croissy pendant 600 ans.
Construite à la fin du XIIè siècle, elle se distingue aussi bien par son élégance architecturale que par ses ornements et curiosités. Plusieurs se sont penchées sur son destin tout au long de son histoire.
* 1190 -1210
Robert et Payen de Croci sont les seigneurs du lieu quand s’achève l’édification de l’église dédiée à Saint Martin.
* 1212
L’évêque de Paris la confie à Boson, prieur de Saint-Léonard-de-Noblat en Limousin, à charge pour lui d’y déléguer en permanence deux chanoines pour former un prieuré.
* 1224
Certes, Martin est vénéré comme le saint patron, mais très vite on honore aussi Léonard, saint de la délivrance des captifs, dont les religieux du Limousin ont apporté des reliques. Ainsi, en 1250, Blanche de Castille serait-elle venue ici prier pour la libération de son fils, le futur Saint Louis, alors prisonnier des barbaresques... flatteuse tradition locale que rien ne peut attester.
* 1280
De grands pèlerinages fort renommés rassemblent à Croissy des foules imposantes et les murs intérieurs sont couverts de nombreux tableaux votifs en reconnaissance pour les demandes exaucées.
* 1644
François Patrocle, membre de la maison royale, chrétien accompli, acquiert le fief qui, durant des décennies, avait appartenu à des seigneurs huguenots : cette pauvre église ne fut pas l’objet de leurs soins et la voici en piètre état...
Avec sa famille et avec l’aide généreuse de la reine Anne d’Autriche qui avait une dévotion particulière pour Saint Léonard, Patrocle consolide l’édifice, l’agrandit, le restaure, le décore et installe des cloches nouvelles.
La reine offre également des objets de culte et un magnifique lutrin qui est encore conservé à la paroisse.
* 1775
Gautier de Beauvais alors seigneur de Croissy (c’est à lui que l’on doit la construction du château actuel) entretient fidèlement l’église et il fait fondre les cloches de Patrocle pour en installer deux autres, plus puissantes encore car le village s ’est étendu.
* 1781 - 1802
Jean Chanorier, dernier seigneur et premier maire de Croissy prend grand soin de l’édifice, aidé en cela par le curé, Bénigne May, également secrétaire de la Municipalité.
Mais, pour satisfaire aux exigences révolutionnaires, les armes royales et les «signes féodaux» sont effacés ou supprimés : vitraux détruits, murs grattés ou recouverts de chaux, boiseries rebûchées... L’une des cloches est déposée afin d’être fondue pour la défense de la Patrie qui a grand besoin de canons, et finalement, en 1793, l’église fut abandonnée. C’est en 1802 seulement qu'elle fut à nouveau consacrée au culte.
Cet édifice devenant, au fil des ans, trop petit pour une population grandissante, on décida la construction d’une nouvelle église (Saint-Léonard) qui fut consacrée le 15 octobre 1882. Dès lors, l’ancienne est désaffectée : le Conseil Municipal la met en location, envisageant même, un temps, de la louer pour en faire une vacherie. Mais, finalement, en 1896, elle est vendue au peintre panoramiste Théophile Poilpot à qui l’on doit la préservation des lieux malgré certaines transformations.
Passant ensuite dans les mains de diverses familles, l’ancienne église redevient, en 1976, propriété de la commune qui en a fait un centre d’expositions, de concerts et de représentations théâtrales.
Le lutrin offert par la reine Anne d'Autriche
Anne d’Autriche avait pour première femme de chambre Louise Angélique Dansse, épouse de François Patrocle, seigneur de Croissy. La reine manifestait une très grande dévotion à Saint Léonard que l’on venait prier dans notre église et elle contribua généreusement à la consolidation et à l’embellissement de l’édifice. Au Saint de la bonne délivrance des femmes en espérance, Anne avait tout particulièrement demandé que lui soit faite la grâce de mettre au monde le dauphin que la France attendait depuis longtemps. En signe de reconnaissance pour la naissance de Louis XIV, elle fit de nombreux et riches présents à la paroisse. Parmi eux, ce magnifique lutrin qui devint la propriété du peintre Théophile Poilpot quand il acheta l’église, en 1896. Plus tard, la famille ROBIDA, qui en était dépositaire, l’a fort généreusement rendu à la paroisse de Croissy où il est aujourd’hui conservé.
La Mémoire de Croissy a été à l'initiative de la restauration du Lutrin via une souscription et sa propre contribution (panneau sur la rénovation du lutrin)